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Vous avez bien mérité un petit morceau de Timazo.

Je ne vous ai pas oublié mais les fins d'année sont toujours très occupées. Représentations théâtrales, pique-niques, fête de la musique, barbecue, répétitions, apéros, séances de brend-stoming, siestes... 

Ce qui nous a beaucoup occupé ces temps-ci, c'est d'une part l'observation du KisKiss qui monte, qui monte, et d'autre part l'écriture des Timazo qui commence à prendre son essor.

On a bouclé le deuxième épisode et on attaque le troisième. La grande question, c'est les illustrations pour lesquelles il manque encore un déclencheur.

Plus ça va, plus on les trouve sympas ces gamins qui fuient sur les routes à bord d'un camion volé. Ils rencontrent des gens qui en valent la peine et ça fait du bien à l'âme de découvrir qu'il y a des gens biens de par le monde...

 

La suite

Traguas

La matinée était bien avancée mais Traguas dormait encore à l’ombre des montagnes et la brume qui montait de la Traye imprégnait l’atmosphère lorsque Mat arrêta le camion dans une sorte de terrain vague, parmi d’autres véhicules plus ou moins oubliés là.

– Qu’est-ce que tu en penses ? demanda Mat à Zoé. C’est bon ?

Zoé avait un sens spécial pour sentir le danger. Elle leur avait ainsi évité plus d’une fois de se retrouver face à Max lorsqu’il rentrait ivre et violent à la maison. Mat et Titi avaient une grande confiance dans ce pouvoir particulier et ils avaient pris l’habitude de « consulter » Zoé lors de chaque prise de risque. Le soir de leur fuite, elle avait assuré que c’était bon, que le chemin était libre, et effectivement, ils avaient pu monter dans le camion, le démarrer la peur au ventre et le faire rouler doucement dans le chemin entre les arbres sans tomber nez-à-nez avec la voiture de Max, puis s’enfuir par la petite départementale sans croiser personne, un vrai coup de chance. Mais ils n’avaient commencé à croire à leur liberté qu’après avoir parcouru une cinquantaine de kilomètres dans la nuit, changeant de direction à chaque carrefour pour égarer d’éventuels poursuivants, imaginant Max et ses amis parcourant les routes en tous sens pour les rattraper. Ils n’avaient fait aucune mauvaise rencontre mais ils s’étaient tout à fait perdus et Mat avait conduit le camion à une centaine de mètres de la route dans un chemin forestier où ils l’avaient caché en attendant le matin, terrorisés chaque fois qu’une voiture passait…

 

– C’est bon répondit Zoé.

– J’ai faim, dit Titi. 

Le petit déjeuner qu’ils avaient pris au Batut était loin maintenant et, de toute façon,  Titi avait tout le temps faim.

– Si on nous donne de l’argent, on mangera après le spectacle, dit Mat.

– On va jouer ici ? Mais y’a personne !

– Tout à l’heure il y aura du monde… qu’est-ce que tu en dis Zoé ? 

– Je ne sais pas… moi aussi j’ai faim maintenant. 

Mat les regarda tous les deux. Ils étaient tout engourdis et le temps risquait d’être long à attendre sans rien faire dans la ville endormie. Tout à l’heure, il faudrait s’entraîner un peu pour attirer les badauds, mais en attendant… Mat fouilla dans sa poche. Il lui restait quelques pièces…

– Bon. Un chocolat chaud ça vous dit ?

Les yeux de Titi et Zoé s’illuminèrent immédiatement. Mat précisa :

– Attention, j’ai dit un chocolat, un seul, pas un chacun !

 

Il fallait descendre deux marches pour entrer dans le café qui sentait le bois du parquet, et la chaleur du poêle à charbon. Tout était vieux : les tables, les chaises, le chien trop gros venu les flairer en se dandinant, les deux clients qui sirotaient leur petit verre de blanc et l’énorme patronne qui trônait derrière le bar.

Pour entrer, Mat avait tiré sa casquette sur ses yeux et salué la compagnie en faisant sa grosse voix. Titi et Zoé étaient presque transparents à force d’avoir l’air « comme il faut ». Ils s’assirent bien sagement dans un coin obscur. Au bar, les deux hommes qui les avaient dévisagés sans dire un mot, s’intéressaient de nouveau à leurs verres. Dans le silence, on entendait le ronflement du poêle. Titi et Zoé ne quittaient pas des yeux les étincelles qu’on voyait par la petite porte. 

La patronne déplaça son énorme corps de derrière son comptoir pour venir jusqu’à leur table. 

– Qu’est-ce que vous voulez, demanda-t-elle.

Sa masse était tellement imposante qu’elle leur faisait un peu peur. 

– Un chocolat chaud, s’il vous plait madame, dit Mat. 

– Un chocolat et puis quoi d’autre ?

– Un chocolat et c’est tout… on n’a pas assez d’argent pour autre chose. 

La femme eut un mouvement comme pour dire « j’en étais sûre ! » 

Elle dit : 

– Attendez cinq minutes que je vous apporte ça.

Puis elle retourna derrière son bar.

 

– T’as vu sa moustache ? 

Titi était suffoqué. De toute sa vie, il n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi gros.

– Et t’as vu sa poitrine ? 

Zoé parvenait à peine à se retenir d’exploser de rire là, au milieu de tout ce silence. Mat faisait les gros yeux. Les deux petits avaient beau faire tout ce qu’ils pouvaient pour ne pas se faire mal voir, il était clair qu’ils avaient tous une drôle d’allure. Pendant ces deux semaines au Batut, ils n’avaient pas fait très attention à leur toilette. Titi et Zoé avaient du foin dans les cheveux et Mat se rendait compte qu’ils sentaient fort le cheval. En fait, ils avaient l’air de sauvageons.

Derrière le bar, la femme ne faisait pas mine de s’occuper de leur chocolat. Mat commençait à se  demander s’il ne valait pas mieux partir lorsque les deux hommes vidèrent d’un même geste leurs verres de blanc, remontèrent leurs cols de veste en saluant la patronne d’un « Adieu Noémie !» puis s’en allèrent après un dernier coup d’oeil dans leur direction.   

Noémie s’activa et leur apporta sur un plateau, trois bols de chocolat fumant, trois grandes tartines beurrées et un pot de confiture. 

– Mais… commença Mat,

– Je sais, coupa Noémie. Taisez-vous et mangez ! Je sais ce que c’est que des enfants qui ont faim.

Titi et Zoé attendirent le signal de Mat et se jetèrent littéralement sur les tartines sous l’œil attendri de Noémie. 

– Qu’est-ce qui vous amène par ici ?

À son tour, Mat attendit un signe de Zoé avant de répondre. 

– On est des jartich’ dit Titi, la bouche pleine.

– Des quoi ?

– Des artistes, précisa Zoé pendant qu’il déglutissait.

– On vient faire le pechtacle ajouta-t-il.

– Oh ! Sans rire ! Des artistes ? J’en ai jamais vu en vrai ! Et vous faites quoi ?

Pendant que Mat expliquait, que Zoé montrait et que Titi jonglait, Noémie remplit à nouveau les bols de chocolat crémeux.

Un secret

Le Batut, dont il est question dans le premier épisode, pourrait bien être un endroit qui existe vraiment, mais chut ! Faut pas le dire !

Bon, et leur histoire de CacaBébé ? C'en est où ?

Apparemment ils n'ont plus besoin de rien...

 

 

Hein ? Mais ça va pas ? Il leur manque encore plein de sous !

Ouais on dit ça....

Les artistes nous, on les connait ! Pas vrai vrai Trique ?

Ouais ouais, nous, on nous la fait pas... 

Qu... quand même, vous êtes d... durs les gars !

 

Meuh non ! 

 

 

 

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